Catherine, assistante familiale depuis 4 ans : "J'ai toujours pensé que si on ouvrait notre porte et notre coeur, l'enfant serait bien."
Nous avons rencontré Catherine, 53 ans, assistante familiale, et son fils Clément, 20 ans. Ensemble, ils nous ont raconté leur quotidien auprès d'un petit garçon qu'ils accueillent depuis 4 ans. Au fil de l'entretien, mère et fils se répondent, complètent les souvenirs de l'un et de l'autre et révèlent à quel point ce métier se vit en famille.
"Pour moi qui ai travaillé depuis l'âge de 18 ans, apporter une stabilité, une vie de famille à un enfant qui a besoin d'être accompagné, lui donner la main, lui créer des souvenirs d'enfants au sein d'un contexte familial, lui apprendre à aimer, à être aimé, à partager, c'est la meilleure chose qu'on puisse faire en tant que professionnel."
- Catherine
Un projet qui mûrit avec le temps
Avant de devenir assistante familiale, Catherine a travaillé dans l'aéronautique militaire et élevé ses trois enfants, aujourd'hui adultes. Inspirée par sa grand-mère et sa tante, toutes deux familles d'accueil, elle a attendu que ses enfants grandissent pour se lancer :
"J'ai préféré laisser mes enfants grandir. On n'élève pas ses propres enfants comme on accompagne un enfant placé, avec toutes ses carences. Et lorsqu'on a eu de la place à la maison, et que le dernier était assez grand, j'ai proposé ça à ma famille. Tout le monde était OK."
- Catherine
Un parcours d'agrément exigeant
Les démarches pour devenir assistante familiale sont, selon elle, à la fois longues mais nécessaires. L'obtention de l'agrément a été une grande joie. Elle et son mari se sentaient prêts à accueillir un enfant, allant jusqu'à préparer la chambre avant même de connaître son profil :
"J'ai vécu ça comme une garde à vue (rires) : on nous interroge sur notre enfance, notre parcours, nos failles... C'est intrusif, mais c'est normal. Pendant tout ce processus d'attente jusqu'à l'obtention de l'agrément et le recrutement, j'étais convaincue et persuadée qu'un enfant serait heureux chez nous. Quand j'ai obtenu l'agrément, c'était la concrétisation. C'était chouette, c'était la joie."
- Catherine
La rencontre avec l'enfant
Avant leur rencontre, Catherine et sa famille avaient préparé pour l'enfant un album rempli de photos : des portraits de chacun, des clichés du chien et du chat, mais aussi des images de la maison et de sa future chambre. Un moyen tendre et rassurant de lui faire découvrir, en douceur, son prochain lieu de vie :
"Au moment de notre rencontre, on a vu arriver avec l'assistante familiale chez qui il était à l'époque, un petit bonhomme de 3 ans. Il avait un dessin dans les mains qu'elle lui avait peut-être demandé de préparer. Il l'a tendu à mon mari, sans le regarder. Moi je lui ai dit "Bonjour, c'est toi Killian ?" Et lui me connaissait de l'album photo. Il m'a répondu "oui" de la tête. Je lui ai demandé : "Est-ce que je peux te faire un bisou ?". Il m'a dit : "Bah oui" et puis il m'a fait un bisou. Encore aujourd'hui, il me dit : "Ah tata, la première fois que je t'ai vu, j'avais des coeurs dans les yeux". Pour lui, ça a été un coup de foudre."
- Catherine
Clément, lui, garde un souvenir précis de ce moment :
"Moi, je me rappelle de la première rencontre, parce que je travaillais à ce moment-là et je rentrais entre midi. J'étais un peu impressionné, parce que déjà, les petits, j'avais pas l'habitude. J'ai toujours été le dernier de la famille, entouré de grands, donc c'était nouveau pour moi. Et puis, c'est quand même tout un stress, un chamboulement dans une famille. Ce jour-là, mon père était venu me chercher au travail. On se gare devant la maison et, à la fenêtre de la cuisine, je le vois dans les bras de ma mère — il était trop petit à l'époque — en train de regarder toutes les voitures passer pour deviner laquelle était la nôtre. Et quand il nous a vus, il a fait des grands yeux comme ça, avec un énorme coucou, et il s'est jamais arrêté tellement il était content. Après, quand on a ouvert la porte, il était tout timide… autant intimidé que moi, au final."
- Clément
Un engagement de toute la famille
Accueillir un enfant, c'est aussi partager les moments du quotidien, même les plus délicats. Chacun, dans la famille, a trouvé sa façon de contribuer : parfois en accompagnant un coucher difficile, en allant au parc... Pour Clément, s'impliquer allait de soi, car accueillir un enfant ne se limite pas à un rôle individuel, mais devient une mission collective :
"Pour moi le plus compliqué c'était le coucher. C'est le moment de la séparation. Quand vous aussi vous êtes fatigué, vous rentrez du travail et qu'il rappelle, que tu lui expliques qu'il n'y a pas de monstre sous le lit, puis tu reviens 5 minutes après pour montrer qu'il n'y a pas de monstres. Je prenais part à tout ça parce que c'est comme ça que j'envisageais le métier de ma mère, c'était une famille. Ma mère n'est pas qu'une femme d'accueil, on est une famille d'accueil. Et donc j'ai fait ce relais, encore maintenant pour le coucher, pour le bain, pour n'importe quoi. C'est un engagement de tous, selon moi, donc j'ai voulu prendre part au projet."
- Clément
Sa mère ajoute :
"Mes enfants, mon époux et moi-même, on est tous de la même famille mais on est 5 personnes différentes. On est une vraie équipe avec nos forces et nos faiblesses, et chacun a pu apporter quelque chose de bon, je pense, à cet enfant qui a besoin d'être accompagné pour bien grandir."
- Catherine
Apprendre à vivre ensemble
Les premiers mois de l'accueil ont demandé une réorganisation et beaucoup de patience : respect de l'intimité, ajustement du rythme de vie, gestion des peurs de l'enfant. Apprendre à vivre ensemble, c'est accepter que les habitudes changent et que de nouveaux liens se tissent. Pour Clément, cela signifiait partager l'attention et l'affection de sa mère avec un enfant qui avait aussi besoin de proximité :
"Au début, il fallait s'habituer. Déjà parce que c'était un petit qui revenait à la maison. Et puis j'avais quand même toujours une relation fusionnelle avec ma mère donc un autre petit qui vient avoir une relation fusionnelle, ça peut être compliqué. Je ne l'ai pas mal vécu parce que je m'y suis préparé. C'était le jeu aussi. Chacun a sa place, personne ne prend celle de l'autre, c'est juste des places différentes."
- Clément
Pour Catherine, apprendre à vivre ensemble, c'était accompagner cet enfant marqué par l'abandon, l'aider à trouver sa place et à comprendre qu'il y avait assez d'amour pour tout le monde :
"Il souffrait du trouble de l'abandon. Je l'appelais mon koala, il était toujours attaché à moi. Ça a été un vrai travail avec les services, pour qu'il ait confiance et qu'il se dise : "Je peux me poser, je peux m'apaiser, tout va bien". Je dessinais un grand coeur avec lui et je disais : "Tu vois, ça c'est le coeur de Tata, il est grand coeur de Tata". Et on venait écrire et marquer les prénoms de chacun de nous et pour dire qu'il y avait de la place pour aimer tout le monde."
- Catherine
Un métier où l'on donne et on reçoit
Être famille d'accueil, c'est bien plus qu'offrir un toit : c'est construire des souvenirs, transmettre des valeurs et voir un enfant s'épanouir jour après jour. Chaque sourire, chaque progrès, chaque souvenir partagé rappelle que ce métier est une rencontre réciproque :
"Ce que ce métier m'apporte, avec tout l'amour qu'il nous donne, c'est la joie de pouvoir se dire : "Il est bien, il est heureux". On a ouvert la porte, on lui a donné de l'affection et il nous rend cette affection. Et puis, on se dit, on va faire de lui un petit bonhomme vachement plus fort. C'est chouette de se dire qu'on lui a fait plein de souvenirs. Ça peut être n'importe quoi, par exemple on part tous les ans en vacances et il me dit : "Tata, je suis trop content, on va retourner en Corse, c'est trop beau, la Corse !". Et de se dire qu'il aura plein d'autres souvenirs heureux, c'est génial."
- Catherine
Clément ajoute :
"Je pense que c'est une belle leçon de vie en général, ça donne une vocation aussi. C'est potentiellement un de mes futurs engagements. C'est une belle leçon de vie, parce qu'il y a tant de qualités : c'est de l'altruisme, de l'ouverture d'esprit, mettre ses valeurs de côté, l'empêchement. Voilà, c'est un partage".
- Clément
Les témoignages de Catherine et son fils
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